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Ma mère a l’Alzheimer

Garder la tête hors de l’eau

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Pilules

Marcelle a avalé en un jour toutes les doses d’Aricept de son pilulier. Peut-être parce que ça ressemble à des bonbons? Je demande à la pharmacie une livraison quotidienne. Le livreur se présente à des moments différents d’une journée à l’autre. Parfois Marcelle n’est pas là. Sans rendez-vous fixe, on l’a dit, ça foire.

Les autres soucis laissent peu de répit.

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Un nouveau son

Cette onomatopée que Marcelle formait. Quand elle entrevoyait les ravages de la maladie. Un mélange de bof! et de moue sonore. Le lâcher-prise de la capitulation obligée.

Sachant que l’Alzheimer allait gagner, ma mère réagissait avec un haussement d’épaule sonore. Quand, par exemple, elle s’apercevait que l’eau coulait. Quand avait-elle ouvert le robinet? Hmpf.

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À la carte

Il y a les repas. La lessive. Le bain. Le ménage. Le gardiennage. Il faut cocher les cases. Un service, une personne différente, par case.

N’y a-t-il pas une personne qui pourrait faire un peu de tout, chaque semaine? Genre « buffet » plutôt que « à la carte »?

Non.

Impossible alors. On ne peut pas faire venir 5 personnes différentes, chaque semaine, pour aider ma mère.

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La porte fermée

La travailleuse sociale a l’impression de perdre son temps.

La porte de la chambre de Marcelle est fermée.

Marcelle réussit à berner la travailleuse sociale.

Marcelle ne veut pas qu’elle aille voir dans sa chambre.

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Les rencontres de proches aidants – 2

Une dame arrive toujours avec deux sacs d’épicerie remplis de bonbons, pretzels, chips. Du sucré et du salé. Elle épore ses denrées sur la table, insistant pour que chacun se serve. Même ici elle donne, partage, se soucie des autres.

Un jour, une régulière est restée debout. Elle a pris la parole dès le début de la réunion. Elle a dit qu’elle ne reviendrait plus. « Mon père est mort », a-t-elle annoncé.

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Les rencontres de proches aidants

Tapis bruns, murs jaunis, manque d’oxygène, mobilier de fortune. Ça m’est égal. Je ne manque pas une rencontre. Dans l’ouest de la ville. Une heure à vélo pour s’y rendre. Au retour je mets plus de soixante minutes. J’ai les yeux gonflés. Il fait noir.

Les proches aidants sont surtout des femmes. Il faudrait féminiser l’expression. Quelques hommes assistent aux réunions. Des types terre à terre qui aident les proches aidantes à élaguer leurs exigences. Les monsieurs veulent « un toit sur la tête et un environnement sûr » pour leurs parents; les dames cherchent en plus « des activités pour désennuyer » les personnes atteintes et maintenir leur cerveau alerte, elles s’inquiètent de la composition des repas, de l’ambiance, des émotions, de la formation du personnel, etc.

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Non humains

J’accompagne ma mère au dépanneur. Elle achète une pinte de lait. « Bonjour ! » lance-t-elle au caissier, qu’elle semble connaître, reconnaître. Elle lui tend 20$, ramasse sa pinte et quitte le comptoir. Sans attendre. « Eh maman ! Ta monnaie ! » je m’exclame.

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À travers un sol couvert de cailloux une pousse verte.

Humains et semi humains

Un message sur le répondeur à la maison « Je ne trouve plus mes clés. Je ne peux pas rentrer chez moi. » Je ne sais pas d’où elle a laissé le message. Depuis combien de temps erre-t-elle? À partir de quand doit-on appeler la police? Quelle description donner? Mon cerveau se fractionne. Panique du jour.

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Surface d’eau tumultueuse et menaçante.

Développement durable

La nouvelle apparaît dans mon agenda le jour du rendez-vous à l’hôpital. D’abord mes notes, pour savoir quoi raconter au médecin : « confusion dans ses histoires », « oubli de ses rendez-vous », « ne sait plus quelle date, jour de semaine on est », « comme si corruption de son disque dur? » Puis, ce jargon, « MoCa test ». Enfin, souligné une fois, le diagnostic : « Alzheimer ».

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Dentelle délicate blanche sur fond rose. Une ligne passe au travers de l'image de haut en bas suggérant une anomalie.

Des anges

Ado, j’ai visité un foyer pour personnes handicapées. Voyage organisé par l’équipe de pastorale de l’école (la « pastopatate », ou « la patof » comme l’avaient surnommée d’autres ados). Autobus jaune, hystérie de jeunes en sortie parascolaire, aucune idée de ce qui nous attendait. Dès l’arrivée, en dix secondes, j’ai compris. Que les personnes qui s’occupaient des bénéficiaires étaient des anges. Que je n’en étais pas un.

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