Une dame arrive toujours avec deux sacs d’épicerie remplis de bonbons, pretzels, chips. Du sucré et du salé. Elle épore ses denrées sur la table, insistant pour que chacun se serve. Même ici elle donne, partage, se soucie des autres.

Un jour, une régulière est restée debout. Elle a pris la parole dès le début de la réunion. Elle a dit qu’elle ne reviendrait plus. « Mon père est mort », a-t-elle annoncé.

On a tous vu son soulagement. Elle a ajouté, « On va enfin pouvoir s’occuper de nous », parlant d’elle et son mari. Tout le monde a noté les cernes, les traits tirés, les cheveux ternes et plats, les vêtements trop portés, garde-robe négligée. On se demandait pourquoi elle était là, puisque son cauchemar avait pris fin. Elle a expliqué, « je suis venue vous dire merci. » Reconnaissante d’avoir pu partager, sans se sentir jugée; d’avoir trouvé des pairs; d’avoir eu un ancrage.

Elle nous a salués une dernière fois, « Je veux vous dire que vous êtes des héros. »