rapport grandmamanlien
Dans le métro il y avait une fille avec une queux de cheval qui dansait, ou alors elle faisait des mouvements d’arts martiaux. Et puis il y avait des tonnes de gens dans les wagons, ça pulpulait de partout et il y avait beaucoup d’humains bref, comme quoi il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de lui avoir demandé son prix; j’étais dans les patates en disant qu’il y avait moins de gens dans les métros ces temps-ci.
« Si je suis capable. » « Si je pense pouvoir y arriver aujourd’hui. » « Si j’ai du temps après, pour m’en remettre. »
Les visites à Marcelle exigent plusieurs heures de recomposition. Il faut planifier ces reconstructions.
Plus la maladie avance, et elle avance, plus la visite défait l’espace mental et affectif. Plus ça demande de se refaire.
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Quand je suis arrivée, elle était couchée dans son lit. Je me suis assise à côté, on est tellement bien avec la température tropicale de sa chambre, et je lui ai flatté les cheveux.
Elle n’avait pas l’air de bonne humeur, mais elle est devenue plus souriante avec le temps.
Une fois, elle a dit maman et m’interrompait de temps en temps pour parler un peu alors que je lui lisais le Parrain.
Personne ne va me croire. Les gens vont dire que j’exagère. Les collègues de travail vont finir par dire, « R’viens-en ».
J’essaie. J’essaie.
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Je viens d’effacer entièrement le message que je venais de finir. okayyyyyyy technologie et contrôle Z? Tu ne veux pas me le redonner? Je suis certaine que si papa était là tu ne me ferais pas ça…
Dans le métro le matin, il y a les gens qui veulent sortir de la rame et ceux qui veulent y entrer. Le mieux c’est de se trouver un géant ou une géante et de leur coller au derrière, mais honnêtement on dirait des saumons qui se battent contre le courant d’une rivière pour remonter. Sans que je sache qui sont les courants et qui sont les poissons. Et puis comme on est serré comme dans une boite à sardine, on dirait vraiment qu’il y a une thématique.
Oui la diète change. Ça devient mou. Il faut aider l’absorption. Encourager à casser la croûte. Rappeler à la personne d’avaler. À chaque bouchée, on applaudit. Le rituel du repas et de la collation pompe et vide celle qui tend la cuillère.
C’est peut-être pour ça que les préposées demandent, quand on visite, « Restez-vous pour le repas ? »
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Je me demandais sur le chemin comment ça se faisait qu’il n’y ait pas plus d’insectes dans le métro. Il n’y a pas de végétation, mais il y a beaucoup de potentiel pour une araignée je trouve, les plafonds sont gigantissismes.
Et puis je me demandais il y avait quoi en dessous des escaliers roulants.
Il y avait aussi une fille qui chantait Coeur de pirate.
Ils se côtoient ou se frôlent dans l’aile réservée aux personnes-mobiles-ayant-besoin-de-surveillance-ou-de-supervision. Il faut rentrer un code pour que les portes de l’unité s’ouvrent. Chacun des résidents porte un bracelet qui déclenchera une alarme si les portes sont franchies sans permission.
Dans cette unité spécialisée, le thermostat de l’ambiance reste fixe. Peu importe le temps extérieur, ici règne le calme, l’humeur égale. Des locataires sans passé commun partagent l’espace, les repas et les collations, écoutent la même musique. Mais il n’y a rien de fade ou de dilué dans la famille reconstituée.