J’ai convenu avec mes frères que la migration aura lieu ce jour-là. Prêts pas prêts on y va.

Tôt le matin je suis chez Marcelle. C’est un bon moment, elle est gaie en début de journée, pleine d’optimisme.

À sa table turquoise, dans sa cuisine blanche et turquoise, nous échangeons. Actualité, humour, complicité. Et, ici et là, je reprends mon refrain à propos de la résidence.

« Environnement de rêve. » « Château. » « Bien entourée. »

Je sais que mes frères et mes belles-sœurs vont arriver d’une minute à l’autre. Comment expliquer à Marcelle la visite surprise de ses enfants? Comment lui annoncer la mission que nous nous sommes donnée, coûte que coûte, aujourd’hui?

Tout à coup Marcelle dit, pour répondre à ma chanson-persuasion sur le château-environnement-de-rêve, « Qu’est-ce que tes frères en pensent, eux, de ce déménagement? » Je lui réponds, « Ah bien justement, ils s’en viennent!! Tu pourras leur poser la question! »

Ça la met en joie de savoir que tous seront bientôt là. Elle se concentre sur son bonheur, fidèle à elle-même et à son amour de la vie. Je l’accompagne dans son « ici et maintenant ». Marinons dans cette allégresse éphémère.

La sonnette résonne. J’ouvre. Je fais signe à mes frères et à leurs blondes que le baromètre de l’ambiance est fixé sur l’enthousiasme, l’enjouement. Ils ont apporté des croissants, des viennoiseries. On fait du café. On prétend que c’est la fête. Avec le système nerveux en alerte.