« Tout le monde dehors! » Elle nous envoyait jouer. Elle accaparait la table basse, le téléphone. Elle était occupée. Pas payée. Elle militait. Pour un Québec meilleur. Plus juste.
Arrivée à un moment où elle a besoin d’aide, on dirait que tout ce qu’elle a contribué à créer s’effondre. Mesquinerie, comptage administratif, cases à remplir, heures fractionnées. Elle ne cadre nulle part dans ce monde de chipotage paperassier.
Récolter si peu après avoir autant semé. Constater la pingrerie dans toutes sortes de méandres. Des gens s’économisent en évitant de se mettre dans la peau de l’autre. Par exemple, le travailleur social (ts) arrive en retard à un rendez-vous, parce qu’il fallait « amener les enfants à la garderie ». Il vérifie du coin de l’œil si ça passe auprès du proche-aidant. Le proche-aidant évitera la querelle, ayant besoin du ts, voulant garder une relation harmonieuse avec le ts. Mais à quel prix? Car le proche-aidant, lui, risque de se mettre à dos des collègues en arrivant encore plus tard à son travail.
Ou la technicienne en travail social qui, dans ses loisirs, change de couleur de cheveux. Une semaine blonde. Une semaine rousse. La personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, dont elle s’occupe, ne la reconnait pas. La proche-aidante pourrait expliquer à la technicienne en ts qu’il faut garder une routine, éviter les changements, pour créer un lien de confiance avec la dame atteinte d’Alzheimer. « Ce qui compte c’est le service, peu importe qui donne le service », répondrait la technicienne. –« Quel service? » pourrait demander la proche-aidante.
Tres bon.