Marcelle et moi dans la salle d’attente. L’heure du rendez-vous est dépassée, on poireaute. Marcelle ne comprend pas pourquoi on est là. Agitée, se lève, veut partir. Je la rattrape. Le manège reprend.

Je la fais marcher pour tromper son impatience. Jusqu’à l’accueil. « Combien de temps encore pour la médecin? Nous avions rendez-vous à 10h. J’ai de la difficulté à faire patienter ma mère.  »

« La médecin? Elle n’est pas encore arrivée! »

« Ah… [inspire, expire.] Nous, on s’en va. On quitte. On lève les amarres. On vogue. On navigue.  »

Ce jour-là, alors que j’essayais de garder Marcelle sur une chaise, j’ai vu ceci : un homme essoufflé entre, dit à la téléphoniste à l’entrée, « L’hôpital m’a envoyé ici. Je souffre d’un cancer. Je vais mourir. J’ai de la misère à me tenir debout. »

La téléphoniste l’a fait asseoir. Elle s’est levée, il y a eu du mouvement. On allait s’occuper de l’homme.

C’est la dernière fois que j’ai mis les pieds au CLSC. Avec cette image du monsieur, seul, faible, qui allait recevoir de l’aide. Merci pour lui.