La travailleuse sociale de l’hôpital laisse un message, avec la même voix que d’habitude. « Il y a une place au CHSLD X. Une unité réservée aux résidents mobiles. Voulez-vous la place? »

Peut-être qu’il n’existe qu’une seule tonalité pour les messages, que la nouvelle soit bonne ou mauvaise? Dans ce cas-ci il s’agit d’un miracle, mais impossible de le savoir en se fiant à la modulation des phrases sur le répondeur.

Une place dans un lieu spécialisé, parfait pour Marcelle, disponible demain matin. Est-ce que nous aussi, nous devons faire semblant que c’est anodin, normal, la routine? Ou on laisse transparaitre notre jubilation?

En tout cas on rappelle la ts sur le champ, on met le pied dans la porte pour éviter qu’un coup de vent la referme. « Heu, oui. La place nous intéresse. » (Faites que ça ne soit pas une erreur, faites qu’elle ne soit pas déjà offerte à quelqu’un d’autre, faites qu’on ait bien entendu, …)

Je jure encore que c’est comme ça que ça s’est passé : quand l’heure du départ de Marcelle vers le CHSLD est arrivée, le personnel de l’étage s’est mis en rang dans le corridor. Une haie d’honneur pour saluer le voyage de Marcelle. « Au revoir! », ont-ils dit. Sourires et mouvements de la main. Des patients se sont joints au groupe, accentuant l’impression de fête.