Marcelle a avalé en un jour toutes les doses d’Aricept de son pilulier. Peut-être parce que ça ressemble à des bonbons? Je demande à la pharmacie une livraison quotidienne. Le livreur se présente à des moments différents d’une journée à l’autre. Parfois Marcelle n’est pas là. Sans rendez-vous fixe, on l’a dit, ça foire.

Les autres soucis laissent peu de répit.

Pot de mayonnaise sur le comptoir. Depuis combien de temps est-il là? Fer à repasser brûlant sur la table. Presto hurlant sur le feu rouge de la cuisinière.

Je cesse de rêver la nuit. L’anxiété fait gonfler ma boite crânienne. Je me réveille, aucune image dans la tête. Le stress squatte tout l’espace.

Un matin je me présente chez Marcelle. Elle s’affaire. Rizotto, à 8 heures le matin. Elle veut y ajouter du poulet. Je ne sais pas de quand date la poitrine.

Mes oreilles bourdonnent. La peur m’envahit. Mes pulsations grimpent. Je m’évanouis debout. Je meurs pendant quelques secondes.

Ça m’est arrivé à quelques reprises.

Un médecin m’a expliqué : « Crises d’angoisse. » Il m’a proposé des pilules anti-anxiété. Ça m’a fait penser à mes cocktails de fin de semaine : smarties anti-migraine et alcool. Le médecin m’a dit que j’avais besoin d’aide.