Oui la diète change. Ça devient mou. Il faut aider l’absorption. Encourager à casser la croûte. Rappeler à la personne d’avaler. À chaque bouchée, on applaudit. Le rituel du repas et de la collation pompe et vide celle qui tend la cuillère.

C’est peut-être pour ça que les préposées demandent, quand on visite, « Restez-vous pour le repas ? »

Ce n’est pas une invitation à partager le pain. À s’asseoir à table et à manger de façon conviviale. C’est l’espoir d’avoir de l’aide pour servir la messe de l’alimentation. Trouver du renfort pour faire manger quelqu’un qui oublie qu’elle est en train de manger.

La nutritionniste a mis au point la diète, comptant les calories. Recommandant l’ajout d’Ensure pour contrer la perte de poids. Travaillant les textures.

Pour le goût ? Jamais goûté. Jamais eu envie.

De toute façon ça ne se fait pas. Même s’il en reste. Le but est de vider l’assiette sans tricher.

Si tout a été nettoyé, sans miette, c’est comme une victoire. Trois fois par jour.